La chirurgie articulaire du genou par un spécialiste du genou permet de traiter efficacement et durablement les pathologies du genou décrites précédemment lorsque les traitements médicaux et la physiothérapie n’obtiennent plus de résultats. Les principales techniques chirurgicales utilisées par le specialiste du genou qui seront exposées sont : - L’arthroscopie du genou - La chirurgie prothétique - La ligamentoplastie du LCA | |
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1 - L’ARTHROSCOPIE DU GENOU L’arthroscopie du genou est une technique chirurgicale utilisée relativement récente dont l’avènement a considérablement changé la chirurgie méniscale et ligamentaire. Au cours de cette intervention, l’utilisation de l’arthroscopie du genou(petite caméra de 5 mm de diamètre) permet de visualiser l’intérieur de l’articulation du genou, de traiter d’éventuelles lésions, de limiter la taille des cicatrices, de diminuer la douleur postopératoire et de faciliter la rééducation immédiate. LA TECHNIQUE CHIRURGICALE L'arthroscopie du genou est soit générale, soit locorégionale (rachi anesthésie) Le patient est installé sur le dos avec le membre inférieur qui doit être opéré fixé dans un étau au niveau de la cuisse, la jambe pendante. L’intervention se fait sous garrot pneumatique gonflé à la racine de la cuisse afin d’éviter toute suffusion de sang dans l’articulation qui gênerait la vision per opératoire Les conditions d’aseptie sont bien sûr celles de toute intervention chirurgicale. La durée de l’intervention est variable de 15 mn à 1h30 en fonction du type de lésion à traiter. Les incisions se trouvent devant de part et d’autre du tendon rotulien et mesurent 1cm.Deux incisions sont généralement suffisantes pour les gestes méniscaux.
Lors de l’arthroscopie du genou, un flux d’eau est injecté sous pression par une arthropompe afin de distendre correctement l’articulation et d’évacuer les fragments méniscaux ou synoviaux que l’on a retirés. Par l’incision externe, nous introduisons l’arthroscopie du genou permettant la vision articulaire et par l’incision interne nous introduisons les instruments nécessaires au geste chirurgical (pinces basket pour reséquer, pince prehensive pour attraper, ancres de fixation pour réinsérer etc.). L’évacuation de l’eau peut se faire soit par la voie interne en alternance soit par une 3ème incision supéro externe au dessus de la rotule. L’intervention est suivie par le chirurgien du genou et ses aides sur un écran vidéo qui permet une bonne vision des choses. Actuellement, nous utilisons la technique HD pour une image de qualité optimale. | |
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Installation et images arthroscopiques (LCA et ménisques normaux) |
La chirurgie méniscale L'arthroscopie du genou est la technique de choix pour traiter les lésions méniscales. En effet, autrefois, il fallait pratiquer des incisions de grandes tailles et retirer presque tout le ménisque concerné lorsqu’on voulait retirer une zone méniscale pathologique. Ces zones étant dans la majorité des cas à la partie arrière du ménisque, il était impossible de l’atteindre par une cicatrice antérieure en raison de la forte coaptation de l’articulation du genou. On devait à l’époque sacrifier une grande partie de ménisque sain pour traiter la partie lésée. Les conséquences à long terme de ces méniscectomies totales étaient désastreuses sur l’articulation du genou provoquant une arthrose précoce. Grâce à l’arthroscopie du genou, nous pouvons maintenant avoir accès de façon précise à la partie la plus postérieure du ménisque là ou siègent les lésions les plus fréquentes. La méniscectomie partielle est donc le geste le plus fréquent. Elle concerne le plus souvent la corne postérieure du ménisque interne. Elle traite les lésions dégénératives vues plus haut (fissures, dégénérescence, désinsertion partielle, etc.). Elle se fait donc à l’aide de pinces « mangeuses » spéciales de tailles et d’orientation différente. La méniscectomie se fait par morcellement jusqu’en zone saine périphérique. Les fragments sont évacués hors de l’articulation grâce à une canule d’aspiration et à la pression liquidienne continue. La méniscectomie partielle peut bien sûr s’appliquer au ménisque externe pour les mêmes raisons. En cas de nécessité, l’arthroscope peut être introduit également par la voie interne. | |
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La méniscectomie sub totale pour anse de sceau. L’anse de sceau est réalisée par le détachement de la moitié interne de l’un ou l’autre des ménisques lorsqu’une fissure verticale s’étend de l’avant vers l’arrière .Le fragment ainsi libéré est mobile et réalise une vraie anse qui peut venir se bloquer dans l’échancrure intercondylienne. Il s’en suit un blocage complet du genou en flexion avec impossibilité mécanique d’extension totale. Cette lésion se situe le plus souvent en zone avasculaire du ménisque et donc non accessible à la réinsertion. Dans ce cas, le traitement arthroscopique consiste en une résèction complète de l’anse de sceau et donc subtotale du ménisque.
La réinsertion méniscale
Lors d’un traumatisme, le plus souvent sportif, le ménisque peut se désinsérer, c’est à dire se déchirer à sa périphérie en zone vascularisée. Le plus souvent, il s’agit du ménisque interne. La désinsertion peut être totale, d’une corne à l’autre ou bien partielle. Elle peut également réaliser un blocage méniscal lorsque le fragment détaché vient se bloquer dans l’échancrure intercondylienne. Le traitement arthroscopique consiste à réinsérer ce ménisque par des systèmes d’attache de dedans en dehors avec des petites plaquettes synthétiques auxquelles sont reliées des fils non résorbables (twinfix R). | |
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Ce système permet, avec 2 à 3 attaches, de refixer complètement le ménisque désinséré. Grâce à la bonne vascularisation périphérique, le ménisque cicatrisera en 4 semaines. La chirurgie ligamentaire L’arthroscopie du genou permet également de traiter les lésions ligamentaires comme la rupture du ligament croisé antérieur. | |
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Elle permet une visualisation précise des lésions, de reséquer les reliquats ligamentaires et/ou méniscaux, de pratiquer une synovectomie et de bien positionner les sorties et entrées des tunnels tibial et fémoral qui seront détaillés ultérieurement lors de la description de la technique de ligamentoplastie. Dans le cadre de la chirurgie du genou, surtout de la chirurgie rotulienne, l’arthroscopie du genou peut également être d’un apport essentiel lorsqu’il s’agit de pratiquer un recentrage interne de la rotule. En effet, la rotule peut être légèrement excentrée vers l’extérieur réalisant un syndrome rotulien avec des douleurs antérieures du genou surtout lors de la descente d’escaliers ou la position assise prolongée. L’un des traitements efficaces en cas de légère excentration de la rotule est le recentrage par section de l’aileron rotulien externe. Il s’agit d’un ligament qui attache la rotule par son bord externe au fémur. Il existe également un aileron interne. La section de l’aileron externe provoque un très léger déplacement de la rotule vers l’intérieur et suffit à soulager l’hyperpression rotulienne responsable des douleurs. Ce geste de section se fait donc très souvent sous arthroscopie du genou pour le genou en évitant une grande cicatrice. | |
| Section de l'aileron rotulien externe | |
Une autre chirurgie du genou, celle concernant les ligament croisé postérieur, est également accessible à l’arthroscopie du genou mais cette technique est assez difficile et ne sera pas développée dans cet exposé. La chirurgie cartilagineuse Les lésions cartilagineuses du genou peuvent être traitées par arthroscopie. Le plus souvent, il s’agit de lésions de chondrite qui sont définies en 3 stades, du simple ramollissement à la destruction totale jusqu’à l’os sous jacent. Le traitement arthroscopique consiste à régulariser, à abraser les lésions jusqu’en zone saine. L’instrument nécessaire est le shaver qui est une sorte de fraise motorisée qui tourne de façon alternative et qui « rabotte » la surface cartilagineuse pathologique. | |
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Cette technique permet d’obtenir des résultats à moyen terme sur l’évolution de l’arthrose et retarde la pratique de gestes plus radicaux comme la prothese du genou qui sera détaillée ultérieurement. LES SUITES OPERATOIRES L'opération du genou dite arthroscopie du genou est une chirurgie simplifiée et peut se faire dans la majorité des cas en chirurgie ambulatoire. Le patient est hospitalisé le matin à jeun, puis admis dans le service de chirurgie ambulatoire qui comporte des chambres individuelles comme en hospitalisation classique. Le patient, qui a bien sûr fait son bilan préopératoire (prise de sang, consultation préanesthésie, formalités administratives) et a dépilé ou rasé son membre inférieur, est donc amené en salle d’opération pour y subir son arthroscopie. La durée de l’intervention est variable en fonction de l’importance des lésions et de la difficulté technique. Une résection de corne postérieure de ménisque interne prend en général 15 mn. Une fois l’intervention terminée, le patient est reconduit dans sa chambre pendant quelques heures avant que sa sortie soit autorisée par le chirurgien du genou et l’anesthésiste. En cas d’anesthésie locorégionale, la motricité complète des membres inférieurs est obligatoire pour autoriser la sortie. Le patient quitte l’établissement le même jour et peut se déplacer seul avec ou sans béquilles. L’appui total est autorisé dans la plupart du temps sauf en cas de réinsertion méniscale. Les ordonnances de sortie comportent : Des antalgiques et des anti-inflammatoires. Des anticoagulants pour 5 jours (héparine en injection sous cutanée) pour éviter tout risque de phlébite. Des soins infirmiers pour les cicatrices pendant 15 jours. Des séances de rééducation à débuter dés le lendemain pour mobiliser le genou, éviter la raideur articulaire, empêcher la fonte musculaire du quadriceps, lever les inhibitions douloureuses, avoir une action antalgique (cryothérapie, ultrasons, physiothérapie etc.). Ces séances de rééducation sont faites dans un cabinet en ville plutôt qu’à domicile et sont au nombre de 10 à raison de 3 par semaine. Un arrêt de travail est souvent nécessaire et sa durée est variable en fonction de la profession et de la psychologie du patient, du type de pathologie traité. En général elle est de 1 à 3 semaines. Un rendez vous de consultation est donné avec le chirurgien 3 semaines après l’arthroscopie. | |
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2 - LA CHIRURGIE PROTHETIQUE DU GENOU La chirurgie prothétique est une operation du genou qui a considérablement changé la vie des patients atteints de gonarthrose. Lorsque toutes les techniques médicales ont été épuisées (antalgiques, anti-inflammatoires, infiltrations de corticoïdes ou d’acide hyaluronique, rééducation et physiothérapie, etc.), le traitement chirurgical par remplacement total ou partiel de l’articulation s’impose. La proths, la technique, les matériaux, la conception de ces prothèses ont considérablement évolué en 30 ans. Actuellement, la tendance est d’utiliser du chrome-cobalt pour la pièce fémorale (proche de l’acier inox), du titane pour la pièce tibiale et du polyéthylene pour la pièce intermédiaire fémoro-tibiale et la pièce rotulienne. La prothese du genou peut être cimentée ou non. La pièce intermédiaire peut être fixe ou mobile rotatoire (plateau fixe ou mobile). Les ligaments croisés peuvent être ou non conservés. La prothese du genou peut être totale, remplaçant les 3 compartiments articulaires du genou (fémoro-tibial intèrne, fémoro-tibial externe et fémoro-patellaire) ou partielle (uni-compartimentaire interne, externe ou fémoro-patellaire) Il se pose actuellement environ 300 000 prothèses du genou aux Etats Unis et en Europe. En France, environ 50 000 prothèses implantées chaque année.
Pour ma part, j’utilise dans les prothèses totales un implant cimenté en tibial, un implant cimenté ou non en fémoral en fonction de la tenue primaire sur l’os, une pièce polyéthylène mobile rotatoire et une non conservation des ligaments croisés. La rotule n’est prothèsée que dans 10 % des cas, sinon je pratique une simple dénervation et une excision des ostéophytes périphériques. Pour les prothèses unicompartimentaires en cas d’arthrose localisée, j’utilise des implants cimentés à plateau fixe. La durée d'intervention de cette operation du genou est variable mais en moyenne elle dure une heure. LES DIFFERENTS TYPES DE PROTHESE DU GENOU Elles sont au nombre de trois : LA PROTHESE DU GENOU TOTALE(PTG) La PTG est donc utilisée lorsque la gonarthrose est complète, touchant au moins 2 des 3 compartiments du genou. Elle permet donc de reconstruire totalement l’articulation du genou en restaurant l’axe anatomique (corrige le varus ou le valgus), en redonnant une mobilité articulaire complète, en redonnant une stabilité au genou et surtout en faisant disparaître totalement les douleurs pour une durée importante (15 à 20 ans). La rotule ne doit être prothésée que lorsque son cartilage est totalement détruit, sinon il faut se contenter de réaliser une patelloplastie ou une patellectomie partielle en retirant tous les ostéophytes périphériques et en dénervant tout autour de la rotule en utilisant le bistouri électrique La PTG permet la reprise d’une marche normale sans douleur ni boiterie. | |
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LA PROTHESE DU GENOU UNICOMPARTIMENTAIRE INTERNE OU EXTERNE (PUC) La PUC est donc implantée lorsque l’arthrose est limitée soit au compartiment interne soit au compartiment externe. Elle nécessite donc une très bonne évaluation des lésions et que l’on soit assuré du bon état des autres compartiments qui ne seront pas prothésés. | |
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LA PROTHESE DU GENOU FEMOROPATELLAIRE ( PFP) Ce type de prothese du genou unicompartimentaire est implantée lorsque l’arthrose touche essentiellement le compartiment fémoro-patellaire, c’est à dire pour l’usure cartilagineuse de la rotule et ou de la trochlée; Elle est souvent associée à un geste de recentrage rotulien (section de l’aileron externe ou transposition interne de la tubérosité tibiale antérieure). Dans ce cas, la rotule est toujours remplacée par un médaillon rotulien cimenté. | |
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LA TECHNIQUE CHIRURGICALE Pour tous les types de prothese du genou, la technique est similaire : L’anesthésie est soit générale, soit locorégionnale (rachi anesthésie). Le membre inferieur opéré est préalablement dépilé et préparé stérilement. Un garrot pneumatique est utilisé chaque fois que cela est possible pour éviter tout saignement per-opératoire. L’incision est soit antérieure, soit interne, en fonction du type de prothese du genou à implanter. La première étape consiste à ouvrir l’articulation et faire un bilan lésionnel. Ensuite, l’étape de nettoyage intervient. Les coupes osseuses se font avec un matériel ancillaire spécifique, sorte de « mécano », propre à chaque type de prothese du genou et à chaque laboratoire fabricant. Il existe bien sûr de nombreuses tailles ainsi que des implants droit et gauche. Actuellement certains laboratoires fournissent des modèles homme ou femme. Apres avoir choisi la taille, préparé les coupes osseuses fémorale, tibiale, trochléenne ou rotulienne, excisé tous les tissus usés (ménisques, ligaments croisés, synoviale etc.), une prothèse d’essai est provisoirement implantée et testée. Cette prothese du genou d’essai permet de tester le genou dans sa mobilité, sa stabilité, son axe anatomique et mécanique. Une fois vérifiée, la prothèse d’essai est retirée, le genou est lavé puis séché et la prothèse définitive est implantée, cimentée ou non en fonction des habitudes du chirurgien et de sa tenue primaire sur l’os. Le genou est toujours retesté avec sa prothese du genou définitive. La fermeture se fait le plus souvent après avoir mis un ou plusieurs drains intra articulaires qui seront laissés quelques jours et qui serviront à évacuer le saignement post opératoire. Une radio de contrôle est nécessaire juste après l’intervention pour s’assurer de la bonne position de la prothese du genou. Le cliché se fait en salle de réveil le plus souvent. | |
| | | | | | | | | | Installation PUC | | | | | | | | | | | | | | | | Resection oseuse tibiale PUC | | | | | | | | | | Cicatrice PTG | | | | | | | | | Cicatrice PUC à 3 mois | | Flexion 130 degrés PUC externe à 1 an | | | | | Cicatrice PUC interne à 3 mois | |
LES SUITES OPERATOIRES Après l’intervention, le patient est donc conduit en salle de réveil où une surveillance importante est obligatoire. Cette surveillance porte sur l’état général du patient (conscience, tension artérielle, pouls, oxygénation etc.) et sur le plan local (saignement, motricité et vascularisation du membre inferieur opéré etc.). C’est aussi en salle de réveil qu’il est parfois nécessaire de transfuser un patient si le saignement per ou post opératoire a été trop important. Actuellement, la transfusion est rare grâce à des techniques de récupération sanguine qui permettent de retransfuser au patient son propre sang (autotransfusion) qui a été récupéré pendant l’intervention (cellsaver) ou dans les flacons reliés aux drains articulaires puis filtré. L’hospitalisation dure de 5 à 10 jours en fonction du type de prothese du genou et de l’autonomie du patient. Pendant cette période, des analgésiques seront administrés d‘abord par voie veineuse puis par voie orale. Un catheter analgésique posé à la racine de la cuisse par l’anesthésiste permettra de libérer pendant 48 h un anesthésiant local autour d’un nerf sensitif et diminuera la douleur tout en conservant la capacité motrice du membre. Des antibiotiques préventifs seront administrés pendant 48 h par voie veineuse. Des anticoagulants seront également prescrits des le lendemain de l’intervention et pour une durée de 1 mois. Ces anticoagulants sont injectés tous les soirs à heure fixe en sous cutané par une infirmière. La rééducation débute dès le lendemain et consiste à mobiliser le genou, soit par le kiné lui même, soit sous son contrôle sur un appareil automatisé, le kinetec. Cette mobilisation se fait bien sûr progressivement de quelques degrés de flexion les premiers jours jusqu’à 120° avant la sortie de l’établissement. De même que le renforcement musculaire du quadriceps est indispensable car ce muscle s’atrophie très rapidement et très durablement après toute intervention du genou. Le lever avec mise au fauteuil se fait dès le 2ème jour postopératoire. Les drains sont retirés en moyenne au 3ème jour. La reprise de la marche se fait à partir du 3ème jour, aidée de cannes anglaises ou d’un déambulateur sous contrôle permanent du kinésithérapeute. Pendant l’hospitalisation, des soins de cicatrice seront faits régulièrement par l’infirmière. Une radio de contrôle du genou ainsi qu’un doppler veineux sont faits au 5ème jour postopératoire pour éliminer une phlébite, toujours possible malgré la prévention anti thrombotique quotidienne. En cas d’absence de complications, le patient quitte l’hôpital pour son domicile lorsqu’il est autonome ou pour un centre de rééducation spécialisé dans le cas contraire pour une durée variable de 3 à 6 semaines. Le patient gardera ses agrafes cutanées pendant 15 jours puis la cicatrice pourra être laissée à l’air et mouillée pour la toilette. Une consultation avec le chirurgien sera programmée 1 mois après l’intervention pour un bilan radio clinic. Ce bilan sera répété au 3ème, 6ème mois et à un an de l’intervention. | |
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3 - LA CHIRURGIE DU LIGAMENT CROISE ANTERIEUR (ligamentoplastie) La réparation directe du LCA étant inefficace, des techniques de remplacement ligamentaire ont été développées. Ces techniques sont très nombreuses mais seulement deux gardent la préférence du chirurgien du genou. Il s’agit de chirurgie intraarticulaire visant à être au plus près de l’anatomie normale du LCA. Pour cela, il faut utiliser un tissu organique prélevé sur le patient lui même et ressemblant le plus possible au ligament croisé. Ce tissu est un tendon. Pour la technique de keneth jones, que j’utilise dans la majorité des cas, le tendon prélevé est est une partie du tendon rotulien. Pour la technique du DIDT, les tendons prélevés sont deux, au niveau des muscles ischiojambiers internes de la cuisse. Nous allons décrire la technique de keneth jones (KJ)
TECHNIQUE CHIRURGICALE DE KJ
Il faut donc remplacer le LCA rompu par un tissu lui ressemblant le plus avec des caractéristiques mécaniques les plus proches. Le prélèvement sera donc pris sur le tiers moyen du tendon rotulien qui relie la rotule du quadriceps au tibia. Le principe consistera à prélever également les attaches osseuses du tendon par de petites barrettes rectangulaires de 1cm sur 2. Ces barrettes, une rotulienne, l’autre tibiale, serviront à la fixation du transplant dans des tunnels osseux forés dans le tibia et le fémur. En effet, seule la partie tendineuse du transplant se retrouvera à la place de l’ancien LCA en intra articulaire. Les barrettes serviront uniquement à sa fixation extra articulaire dans les tunnels grâce à des vis de blocage, parallèles à la barrette dans le tunnel (vis d’interférence). Ces vis sont résorbables dans le temps, permettant une meilleure visualisation éventuelle par IRM, ou pour une éventuelle reprise chirurgicale future. Cette chirurgie du genou peut se faire soit par arthroscopie, soit par mini arthrotomie.
Le patient à opérer est donc comme toujours préparé à l’intervention sur le plan général par la consultation pré anesthésie et cardiologique si nécessaire. Sur le plan biologique par une prise de sang pré opératoire. Sur le plan local par une dépilation complète du membre inférieur opéré. La durée de l’intervention est variable mais en moyenne de 45 mn. L’anesthésie est soit générale, soit locorégionnale (rachi anesthésie). Un garrot pneumatique est utilisé. L’installation du patient est le décubitus dorsal (sur le dos), genou fléchi à 30° sur un appui. L’incision est antérieure d’environ 8 cm, en regard du tiers moyen du tendon rotulien. La première étape consiste à prélever le transplant associé à ses deux barrettes attachées. Ce prélèvement se fait à l’aide de gabarit de coupes osseuses pour obtenir des barrettes identiques en tibial et fémoral. La largeur des barrettes et du tendon est généralement de 1cm. La longueur du transplant dépend du morphotype du patient qui détermine sa longueur de tendon rotulien, en général autour de 90 mm. Le prélèvement effectué, la deuxième étape consiste à rentrer dans l’articulation dans l’échancrure intercondylienne et de faire un bilan lésionnel puis un nettoyage en excisant les reliquats ligamentaires du LCA. Pour ma part, je conserve si possible le pied de l’ancien ligament qui viendra mouler le transplant et assurera d’autant mieux sa vascularisation. Cette étape est aussi nécessaire pour agrandir l’échancrure, pour donner de la place au transplant et bien voir le point d’entrée du tunnel fémoral futur. Cette plastie se fait à l’aide d’un ciseau à os courbe (gouge) en cas d’arthrotomie, soit à l’aide d’une fraise motorisée en cas d’arthroscopie. Ensuite, grâce à une instrumentation ancillaire spécifique, les tunnels osseux tibial puis fémoral sont pratiqués. Nous utilisons des tarières de 10 mm de diamètre si le transplant mesure 10 mm de large. Le tunnel tibial débute à la face interne du tibia et ressort dans l’articulation là ou se trouvait le pied antérieur du LCA. Le tunnel fémoral débute à la partie interne et supérieure du condyle externe, au niveau de la plastie de l’échancrure préalablement réalisée. Ce tunnel sera dit « borgne » sur une longueur d’environ 3 cm. Apres nettoyage abondant des tunnels et de l’articulation, une mèche métallique à chas de 3 mm de diamètre sera passée à travers le tunnel tibial puis l’échancrure puis le tunnel borgne fémoral et ressortira à travers la peau par un moucheture au bistouri de 3 mm à la partie antero externe de la cuisse. Grâce à cette mèche, le transplant, préalablement trempé dans l’huile de vaseline, sera tracté par des fils à travers les deux tunnels osseux jusqu’à ce que la barrette initialement rotulienne vienne se bloquer dans le bout du tunnel borgne fémoral.
Ainsi, le transplant tendineux se retrouve en lieu et place de l’ancien LCA et la barrette tibiale se retrouve à l’entrée du tunnel tibial. La dernière étape consiste à fixer d’abord la barrette fémorale en haut par une vis d’interférence résorbable qui vient plaquer la barrette osseuse contre la paroi osseuse du tunnel. Cette vis mesure en général 8 cm de long et 2cm de diamètre. Cette fixation provisoire sera rapidement remplacée par une fixation définitive due à la fusion naturelle osseuse de la barrette à son tunnel. Apres avoir exercé une traction dans l’axe du transplant ainsi fixé en haut, nous fixons de façon identique la barrette tibiale en bas avec une vis similaire contre la paroi du tunnel tibial. Le transplant est maintenant tendu et fixé et peut exercer son nouveau rôle de ligament croisé antérieur. On vérifie toujours que l’extension du genou se fait totalement sans conflit entre le transplant et le toit de l’échancrure. La flexion ne devra pas excéder 80° pour ne pas tirer sur les attaches des barrettes. Un drain articulaire est posé et le tendon rotulien restant est refermé en rapprochant les deux parties. La fermeture cutanée se fait par agrafes. | |
| | | | | | | | | | Cicatrices KJ | | | | | | | | | | | | | | Technique KJ | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | Transplant KJ | | | |
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SUITES POSTOPERATOIRES L’hospitalisation dure 5 jours. Les deux premiers jours sont nécessaires à la perfusion d’antalgiques et d’anti inflammatoires par voie veineuse. Pendant ces 48 premières heures, un catheter analgésique à la racine de la cuisse distille un anesthésiant pour diminuer nettement la douleur. La rééducation sur kinetec débute dès le lendemain en commençant progressivement de 20° de flexion le premier jour jusqu’à 80° au 3ème jour. Comme nous l’avons déjà précisé, cette flexion de 80° ne devra pas être dépassée pendant les trois premières semaines pour ne pas tirer sur les attaches osseuses du transplant ligamentaire, le temps que la fusion osseuse puisse intervenir. Des anticoagulants sont nécessaires pendant un mois. Le drain est retiré en général au 3ème jour. La marche est reprise dès le 2ème jour avec le kinésithérapeute et sous couvert d’une attelle rigide amovible que le patient gardera un mois pour éviter toute flexion forcée intempestive due à une faiblesse du quadriceps qui a tendance à s’atrophier très rapidement. C’est pourquoi le renforcement musculaire est indispensable dès les premiers jours postopératoires. Une radio de contrôle du genou et un doppler veineux sont faits au 5ème jour, avant la sortie. Les soins de cicatrice sont faits régulièrement et les agrafes sont à retirer au 15ème jour.
Le patient peut ensuite dans la majorité des cas regagner son domicile et pratiquer sa rééducation quotidienne dans un cabinet de kiné. Les soins infirmiers et les anticoagulants sont pris en charge par une infirmière à domicile.
Parfois, certains patients (sportifs professionnels et de très haut niveau) sont pris en charge dans un centre de rééducation spécialisé en hospitalisation pour une durée de 3 semaines en moyenne. Le patient sera revu en consultation par le chirurgien à 1 mois de l’opération pour un examen clinique et ce dernier pourra autoriser l’arrêt du port de l’attelle. Les séances de rééducation seront espacées à trois par semaine avec une augmentation des amplitudes articulaires au delà des 80° et toujours une musculation du quadriceps ainsi que la rééducation proprioceptive, les anticoagulants seront stoppés.
Le travail pourra être repris après un mois pour les patients ayant une profession sédentaire. Au troisième mois post opératoire, une nouvelle consultation sera programmée pour autoriser l’arrêt de la rééducation et la reprise du sport en n’autorisant que les sports sans pivot du genou comme la natation sans brasse, la course à pied sur terrain plat, et le cyclisme en évitant le VTT. Pour les patients pratiquant des sports pivot en compétition et club, une consultation sera nécessaire à 6 mois pour reprendre le sport d’origine en entrainement. La compétition sera reprise à 8 mois. L’objectif de la ligamentoplastie du LCA est de reprendre le même sport au même niveau à 1 an de l’intervention. | |
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